La Grenette, lieu de confrontation
Ce n'est pas pour rien que le monastère était séparé de la ville par des murs et un fossé. La Grenette a été le théâtre d'événements violents entre les bourgeois et les religieux.
Ces événements se sont produits dans le contexte de la Commune de Charlieu, du temps du prieur Bernard. Ils nous sont connus par un factum rédigé par les moines, conservé dans les Actes du Parlement de Paris (n°40), datés de 1254.
Le document original est évidemment rédigé en Latin, en voici le récit fait par Auguste Bernard :
Ils [les bourgeois] ne s'en tinrent pas là. Lorsque la nuit fut venue, et pendant que les moines dormaient, les bourgeois vinrent en foule et armés devant le cloître, et l'entourèrent d'un fossé et de fortifications, afin que personne ne pût en sortir. Ils lancèrent même des flèches et des carreaux aux moines et à leurs serviteurs lorsqu'ils se montrèrent. II n'y avait pas de vivres dans le couvent : les bourgeois défendirent d'y en laisser entrer, déclarant qu'ils voulaient faire périr les moines de faim. Ils construisirent ensuite un trébuchet et un mangonneau dirigés contre l'église, et élevèrent des fortifications sur la grange du monastère, après avoir emporté le grain qui s'y trouvait, ainsi que dans d'autres maisons des moines. [...] Pendant que les moines étaient bloqués dans leur cloître, quelques habitants, hommes et femmes, pour les narguer, leur faisaient des gestes indécents.
Auguste Bernard, Addition à l'histoire de Charlieu, pages 26-27.
Etienne Fournial en donne à peu près la même interprétation :
Une nuit, ils creusèrent des fossés autour du prieuré, pillèrent la grange des moines d'où ils enlevèrent le blé. Les habitations des serviteurs du couvent situées hors les murs furent saccagées. Puis un siège en règle commença : des machines de guerre - un trébuchet et un mangonneau - furent dressées. Flèches et carreaux furent tirés sur les moines et leurs domestiques. Pour les narguer, les bourgeois enlevèrent les habits de l'un d'eux qui leur « montra des choses dont on doit rougir ». Ils firent même venir des femmes pour de semblables exhibitions.
Etienne Fournial, Charlieu, page 215.
Un autre exemple de violences contre les moines est rapporté par Claudius Aulas, je n'ai pas pu retrouver le document original.
Au cours des âges, elle [la rue de la Grenette] fut le théâtre de nombreuses émeutes, notamment vers 1663. L'abbé Prajoux raconte, d'après les archives de la Loire, que les religieux déposèrent une plainte contre plusieurs habitants qui, non contents d'avoir pris part aux distributions faites par dom Claude Delamotte, aumônier du prieuré, auraient rompu les cadenas et serrures d'une des portes du prieuré, seraient retournés prendre des pains une seconde et troisième fois, auraient battu et maltraité les valets dudit aumônier et "luy en eussent fait autant s'il ne se fut retiré dans son logis".
Claudius Aulas, Charlieu, page 37.
Page créée le 20/07/2014, dernière modification le 31/07/2016.