Histoire de Charlieu

Les origines de l'Hôtel-Dieu

On ne peut établir précisément la date de fondation de l'hôtel-Dieu.
Probablement établi à l'origine dans l'enceinte du prieuré, peut être à l'emplacement du logis du prieur, son existence est attestée en 1259.

Fondation et localisation primitive

[...] s'il est impossible de dater précisément la création de l'hôpital, il parait logique de penser qu'à l'origine celui-ci se rattachait à l'abbaye Bénédictine, avant d'acquérir son indépendance,  puisqu'au moyen-âge tout monastère d'une certaine importance possédait un hospice, ou une infirmerie, qui avait même parfois son propre cloître comme c'était le cas à Cluny. L'inventaire de l'hôtel-Dieu de 1460 fait état d'un bâtiment assez important,  avec un total de 18 lits³, possédant une "galerie" et un "cloître":  il est dit:  " Item, dans le cloître du dit hôpital et d'abord neuf coffres de chêne, marqués à la marque du dit aumônier, dont la plupart sont de médiocre valeur."
Or dans "Charlieu à l'époque médiévale", E.R. Sunderland écrit que d'après : "le récit d'un jeune novice de Charlieu, mentionné dans le Livre des miracles de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny 1122-1158, on voit qu'à l'époque romane, il y avait à Charlieu deux cloîtres - un grand sur l'emplacement du cloître gothique actuel - et un autre, dit des "Infirmes" à l'est. Le cloître des infirmes peut être identifié avec la cour actuelle de l'hôtel du Prieur et l'ancienne infirmerie devait se trouver sur l'emplacement de cet hôtel."
Il est risqué d'affirmer que ces deux citations parlent du même cloître, mais c'est malgré tout une possibilité très intéressante. En tout cas, la mention d'un cloître semble bien attester une présence monastique, au moins initiale.

². La "forêt d'Aveize" a aujourd'hui disparu, tout du moins en grande partie, mais le hameau des "Avaises" existe encore à 6 km de Charlieu, sur la commune de St-Denis de Cabanne.
³. Cf. Abbé Tardy, "L'hôtel-Dieu de Charlieu", page 40.
SPINDLER 1994, page 7

Mention de 1259

L'hôtel-Dieu de Charlieu existait déjà en 1259,  c'est la seule certitude que l'on puisse avoir quant à sa datation la plus ancienne.
En effet, un inventaire des meubles et papiers de cet hôpital réalisé en 1460¹ fait mention de cette date: " Item, des lettres accordées au dit hôpital par l'autorité connue du Roi, avec la licence de prendre n'importe quel jour dans la forêt d'Aveize²  trois ânées de bois, sous la date de l'an 1259" (selon la traduction de l'Abbé Tardy). Le "roi" dont il est ici question est St-Louis qui accorda donc à l'hôtel-Dieu une sorte de droit de chauffage.

¹. L'original, en latin, sur parchemin, est conservé par les sœurs hospitalières de Ste-Marthe [...] (ce document a été versé en 2018 aux archives départementales)
SPINDLER 1994, page 7

Inventaire de 1460

L'inventaire décrit une salle basse, une salle haute, un cloître, une galerie et trois chambres. Dans la salle basse, 12 lits garnis de couettes et traversins. La salle haute semble avoir servi de cuisine. Il ne parait pas, par l'inventaire, qu'il y eût une chapelle à l'hôpital.

L'inventaire de 1460 nous décrit d'ailleurs plus un hospice qu'un hôtel-Dieu puisque le bâtiment comprend 12 lits dans une "salle basse", une salle haute servant sans doute de cuisine si l'on se réfère à tous les ustensiles qui s'y trouvent, une autre chambre de quatre lits et une autre, particulière, dite " la chambre de Vincent Brunet". Ce personnage était-il le gardien des lieux? C'est une possibilité, puisqu'au Moyen-Age, le personnel de ces maisons était très restreint et avait essentiellement pour fonction la confection des repas et l'entretien de la literie⁸.  Il n'est du reste fait aucune mention de médicaments ou d'articles à l'usage exclusif des malades. L'hôtel-Dieu parait alors n'être qu'une maison de refuge pour les "pauvres passants" et les pèlerins, ce qui serait d'ailleurs tout à fait logique si l'on se souvient de son origine liée au monastère bénédictin.

⁸. Cf. jean IMBERT, "Les hôpitaux en france", PUF 1958.

SPINDLER 1994, page 7

L'inventaire publié par l'Abbé Tardy.