Le cimetière médiéval (...-1679)

Le cimetière médiéval

Le premier cimetière de Charlieu se trouvait devant l'église paroissiale, comme c'était l'habitude à cette époque.

C'est dans le cimetière que, chaque samedi, se tenaient les marchés. Au-devant même de l'église se trouvaient les bancs des bouchers et la pierre de l'huile. D'imaginer que les marchands pouvaient déployer leurs marchandises sur les tombes et que l'on pouvait y débiter de la viande ou y vendre de l'huile, nous semble, aujourd'hui, bien surprenant. Cela nous apparaît comme une espèce de sacrilège, de manque de respect à la mémoire des morts. Mais la conception des gens du Moyen Age, de Charlieu et d'ailleurs, était bien différente. Morts et vivants vivaient, si je puis dire, en symbiose. L'église dont le chevet était tourné vers l'est, vers le jour levant, vers la vie naissante, avait sa façade principale à l'ouest, vers le soir, vers la fin de la vie et tout naturellement le cimetière se trouvait là devant le parvis - n'oublions pas que le mot vient de paradis. D'autre part, église et cimetière étaient des lieux d'asile. Dans un cimetière, un marchand ne pouvait être appréhendé pour dette. Dans cette optique, on comprend mieux l'implantation des marchés dans le cimetière. On enterrait aussi au chevet de l'église, c'était le petit cimetière des pauvres.

Etienne Fournial, Charlieu, pages 381-382.

L’aire du cimetière, c’est l’aître et l’aître c’est l’atrium. Il existe une certaine difficulté de traduction du mot atrium : est-ce le cimetière, le sanctuaire, une maison à l’intérieur du cimetière ? Ce fut en tous cas un lieu de paix pour signer des actes de réconciliation et de donation comme le montre une charte de donation de biens au doyenné d’Écussoles datée de 980 et notée comme étant signée dans l’atrium. Hervé Mouillebouche, dans son article précité, éclaire la notion de périmètre d’asile autour de l’église, justement inclus dans le cimetière, qui se délimite par au moins 30 pas en périphérie de l’église, ou tout au moins au droit de son portail occidental. Il précise que cette aire de cimetière était le lieu du droit de banvin du prieur, droit de vente qui donnait à la cellule monastique un inestimable avantage économique.

Le cimetière médiéval est un espace ouvert seulement parsemé de tertres de terre surmontant les corps ensevelis dans un linceul, sans cercueil ni pierre tombale. Le cimetière, cet aître laisse la possibilité d’implanter des cabanes ou maisonnettes pour remplir la fonction de refuge, fonction qui en justifie l’existence. On y rédige les testaments et les contrats de commerce, les chartes, sur le parvis de l’église. Parfois on y tient le marché du village. Le cimetière, repos des morts, est un lieu de rencontre pour les vivants.

Patrick Defontaine, Recherches sur les prieurés réguliers, monastiques et canoniaux des anciens diocèses de Chalon et Mâcon : (Xe - XIVe siècles), page 249.

Il existait aussi de nombreuses sépultures à l'intérieur même de l'église :

Avant le XVIIème siècle, on enterrait les morts dans le cimetière situé par côté de l'église, au nord, à la place de la rue actuelle et peut-être des maisons.[...] On les enterrait aussi sur la place, au-devant de la façade, comme l'attestent les nombreux ossements découverts par les fouilles faites, depuis quelques années, pour niveler le sol. On les inhumait également dans l'église même de la paroisse et dans celles des Bénédictins, des Cordeliers, des Capucins, suivant que les défunts avaient élu leur sépulture dans l'une ou dans l'autre, et pourvu que la redevance fixée en pareil cas fût acquittée sur leurs biens ou par leurs familles. Dans tous les temps antérieurs à la révolution de 89, le désir des chrétiens fut constamment de reposer, après leur mort, dans les murs, ou au moins près de l'église où ils venaient prier pendant leur vie. Aussi le sol intérieur de l'édifice paroissiale de Charlieu n'était-il qu'un cimetière dans toute son étendue.

J-B Desevelinges, Charlieu, pages 101-102.


Page créée le 4/01/2014, dernière modification le 31/07/2016.