<

Le quatrième étage

Le hourd au sommet de la tour était-il fixe et permanent, ou mobile et installé seulement en cas de nécessité ?

Les historiens Edouard Jeannez et Antoine Bonin ont une opinion différente sur la question, le premier penchant pour un hourd fixe, le second pour un hourd mobile.

Pour Edouard Jeannez :

Toutefois c'est à l'étage supérieur qu'est surtout concentrée la défense. Dans sept chambres, larges de 1 mètre en moyenne, prises dans la muraille et régulièrement espacées, s'ouvrent des baies rectangulaires dont chaque allège, de 0 m 55 d'épaisseur, est percée à la base et latéralement de deux trous carrés destinés au passage des poutres de soutien d'un hourd, dont suivant l'usage constant jusqu'au XIVe siècle, on garnissait le sommet des donjons et des tours en temps de guerre. Les ébrasements de ces chambres vont en s'élargissant de l'intérieur à l'extérieur, disposition anormale que motivait la direction rayonnante à donner aux pièces de bois pour qu'elles fussent régulièrement espacées en dehors.

Ce hourdage était supporté par 16 fortes poutres, dont 14 passaient au travers des allèges des baies, et les autres par des trous réservés dans la partie pleine de la paroi correspondant à la cage de l'escalier d'arrivée, et toutes se réunissaient au centre du cylindre, comme les rayons d'une énorme roue dont le moyeu était un. poinçon vertical se combinant avec le comble. Les trous ont tous 0 m 30 sur 0 m 40, dimension exceptionnellement forte et qui dut avoir sa raison d'être.

Edouard Jeannez, Les fortifications de l'abbaye et de la ville fermée de Charlieu en Lyonnais, page 454.

Pour Antoine Bonin :

Passive dans ses œuvres basses, la tour devient active au sommet. Sept réduits, à ébrasements parallèles, en ouvrent le pourtour, accédant à des créneaux dont l'allège est percée de deux orifices carrés prévus pour l'installation temporaire des hourds de bois ; l'adoption des mâchicoulis fixes, en pierre, ne date, en effet, que de la fin du XIIIe siècle. L'on faisait donc usage, auparavant, de dispositifs charpentés, suspendus, en temps de guerre, au sommet des défenses. Ceci, pour permettre aux défenseurs de battre le pied des murs sans se découvrir. Ces hourds n'étaient autre chose qu'un trottoir planchéié saillant, ouvert de béances par lesquelles étaient glissés les projectiles. Un masque de madriers et de planches percées d'archères limitait, sur l'extérieur, ce trottoir aérien, recouvert, en outre, par un pan de toiture également en bois.

Edouard JEANNEZ prétendait, en s'appuyant sur des considérations à vrai dire secondaires, que son hourdage était du type permanent, et assimilable à celui du donjon de Laval ; c'est ainsi qu'il voyait les poutrelles, porteuses des hourds à l'extérieur, venant se réunir au centre de la salle comme les rayons d'une roue autour du moyeu. Je suis d'un avis entièrement différent, et ce, pour les raisons suivantes :

  1. Les hourds de bois fixes, comme ceux de Laval, du clocher de l'église de Dugny (Somme), de Saint-Paul-en-Cornillon, ne sont apparus qu'à partir du XIIIe siècle.
  2. Si les hourds de Charlieu avaient été du type à demeure, le constructeur se fut abstenu de monter des murs épais jusqu'au toit, en y prévoyant des embrasures voûtées, d'un établissement coûteux. Le mur aurait ainsi fait double emploi avec le masque du hourdage fixe.
  3. On remarque, à l'extérieur de la tour, de part et d'autre de chaque créneau, des crochets de fer qui ont servi à suspendre des volets de protection, et qui attestent de l'usage libre du crénelage, sans hourds, pour la garde ordinaire en temps de paix. L'on comprend qu'avec des hourds fixes ces volets eussent été sans objet.

Antoine Bonin, La tour dite Philippe-Auguste à Charlieu, page 66.

Les hypothèses d'Antoine Bonin ont été appuyées par Miss Sunderland :

En temps de guerre, Bonin, qui apporte des arguments fort convaincants, pense que la tour était couronnée d'une espèce de hourd mobile, formé d'un plancher saillant pourvu de trappes et supporté par des poutrelles de suspension glissées dans les trous carrés toujours visibles en haut du mur.

Dr Elizabeth Sunderland, Charlieu à l'époque médiévale, page 66.

Une seule carte postale montre un hourd sur la tour, je n'en connais pas le contexte.


Page créée le 13/03/2014, dernière modification le 31/07/2016.