Le bas-relief de la chaire, alors qu'il ornait le tympa de la chapelle des Ursulines.

La chaire du lecteur

Le réfectoire était équipé d'une chaire qui permettait au lecteur de bien se faire entendre. Cette chaire a été détruite en 1844, comme le reste du réfectoire, mais le bas-relief qui l'ornait a été mis à l'abri à l'entrée de la chapelle des Ursulines, construite peu après. Il y est resté jusqu'au 29 juin 2016, soit un peu plus de 170 ans. La société des Amis des Arts de Charlieu a fait réaliser un moulage, qui a longtemps été exposé dans le musée lapidaire, à l'abbaye. L'association a dû se séparer du moulage, qui remplacera l'original aux Ursulines.

[...], il en est de même de la chaire, qui était placée dans un angle du même réfectoire, et dont la face, remarquable par ses sculptures, a été incrustée dans le tympan de la porte de la chapelle des religieuses Ursulines de Charlieu.

Desevelinges 1856, page 19.

Une chaire de lecteur, en pierre et de forme carrée, avec escalier de dix marches, occupait un des angles de ce réfectoire. Un de ses parements, surmonté d'un pupitre, était sculpté de quatre personnages en demi-relief, nimbés, l'un assis, les trois autres debout sous de petites arcatures plein cintre. Ce précieux morceau est depuis quelques années encastré dans une muraille du couvent des Ursulines de Charlieu. Son style, ses incorrections comme modelé, comme proportions, lui assignent une très haute époque. On peut, sans trop de chances d'erreur, le dater du XIème siècle.

Thiollier 1886, page 171.

Voilà une description du bas-relief, par l'abbé Henri Monot :

Le bas-relief qui ornait la chaire du lecteur dans le réfectoire des moines se voit actuellement à l'Institution Saint-Gildas, ancien couvent des Ursulines. Sous une frise de roses à larges pétales, quatre personnages, séparés par les colonnettes d'une arcature, représentent des scènes évangéliques.
On reconnaît dans la figure de gauche la Vierge Marie et, en face d'elle, lui annonçant sa conception miraculeuse, l'archange Gabriel. Il offre une palme à la Vierge. Cette figuration se voit d'ordinaire dans la scène de la seconde Annonciation que les imagiers avaient créée : l'ange vient annoncer à la Vierge qu'elle va mourir et lui apporte la palme de la victoire, comme à un martyr. 
Les deux personnages de droite sont difficiles à identifier. L'un d'eux assis représenterait, dit-on, saint Joseph, qui après avoir été averti en songe par un ange, pense à la maternité divine de Marie. Le dernier personnage rappellerait aussi une scène postérieure à l'Annonciation. Il fait un geste qui se rapporte évidemment au message divin. Il a un manteau brodé avec une agrafe et il s'appuie sur un bâton en forme de T, dont, seule, la poignée est restée. Il figurerait le vieillard Siméon, heureux d'annoncer que la promesse faite à la Vierge est réalisée et que ses yeux ont vu le Messie, présenté au Temple par Marie et Joseph. Toutefois, ce serait une exception de voir saint Joseph et le vieillard Siméon associés à une scène de l'Annonciation. Suivant les exemples que l'on trouve dans l'art byzantin, ce sont des prophètes qui accompagnent la Vierge et l'archange Gabriel. 
L'arcature, avec ses colonnettes irrégulières et ses chapiteaux assez rudes, fait songer aux pénibles essais de la fin du XIe siècle sur le linteau de l'ancien portail. Cependant, on est surpris de voir que le sculpteur ait exécuté sur cette plaque de calcaire jaune de la région, de grain assez dur et apparent, des figures plus proches de la réalité que celles du vieux tympan et du grand portail. L'artiste a eu le souci de reproduire des attitudes vraies et d'exprimer avec bonheur l'étonnement de la Vierge, la joie de l'ange et la gravité des deux vieillards. Il a donné au visage un beau modelé et rendu avec exactitude les yeux, les oreilles, la barbe et la chevelure. Le sculpteur du bas-relief de l'Annonciation paraît orienté vers l'art d'imitation qui distinguera les maîtres gothiques. Mais ses figures gardent la naïveté charmante des créations romanes.

Abbé Henri Monot, Charlieu, pages 29 et 30.

Le bas-relief roman qui ornait la chaire du lecteur dans le réfectoire existe toujours encastré au-dessus de la porte de la chapelle de l'Institution Saint-Gildas, ancien couvent des Ursulines. Un moulage en plâtre se voit au rez-de-chaussée du narthex de l'abbaye. Sous les quatre arcades séparées par des colonnettes apparaissent, de gauche à droite, la Vierge suivie par l'archange Gabriel lui offrant une palme qui semble présager la fin de sa vie terrestre, et ensuite deux personnages nimbés. L'un, assis, qu'on a identifié comme saint Joseph, mais tous les deux peuvent être des prophètes qui accompagnent la Vierge et l'archange Gabriel

Sunderland 1971, page 59.

Une autre description du bas-relief, par Edouard Jeannez.
Une vidéo dans laquelle le bas-relief apparaît, alors qu'il était encore à St-Gildas.


Page créée le 22/07/2016, dernière modification le 1/08/2016.