Le Dr Barbat rapporte que la place de la Bouverie fut sous la Convention le théâtre de manifestation patriotiques plus ou moins spontanées. Il faut comprendre qu'à cette époque la place était l'espace situé devant la porte Chanteloup, que nous appelons actuellement Boulevard Jacquard. La place de la Bouverie actuelle était alors le cimetière de la ville.

Ces évènements se produisent le 10 nivôse an II (30 décembre 1793), juste après la reprise de Toulon :

Le 9 de ce mois, à dix heures du soir, on a tiré deux coups de canon, et la retraite a été battue. Aujourd'hui, deux autres coups de canon ont été tirés au point du jour et la générale a été battue. A midi, deux autres coups de canon ont été tirés, et à une heure toute la garde nationale sous les armes, armée de fusils et de piques, s'est rassemblée sur la place d'Armes. A deux heures cette garde s'est rendue en rue Mercière, devant la maison commune et la cérémonie a commencé dans l'ordre qui suit :
Un mannequin représentant l'infâme Pitt, ministre d'Angleterre, ayant deux écritaux, l'un devant et l'autre derrière : le premier portant l'infâme Pitt, ministre d'Angleterre et l'autre portant l'ennemi de la Liberté ; ayant sur ses épaules les neuf couronnes des despotes coalisés contre la République ; monté sur un âne escorté par quatre gardes nationaux.
Ensuite vient la musique suivie d'une partie de la garde nationale, et tous les corps constitués dans le centre d'icelle.
Dans cet ordre, le cortège a fait le tour de la ville, en criant : vive la République, vive la Montagne, pour refrain de la musique. De là, cet infâme Pitt avec ses attributs a été conduit à la place du marché de la Bouverie où on lui avait préparé un bûcher pour y être brûlé. Avant cette exécution, il a été fait un discours relatif à la circonstance, et il a été chanté par les citoyens et citoyennes des chansons analogues à l'Égalité et à la Liberté, avec des cris mille fois répétés : vive la République, vive la Montagne !

Les citoyens vivement pénétrés de l'horreur de la conduite de cet exécrable ministre et de ses maîtres, l'ont taillé en pièces et l'ont jeté dans le bûcher allumé par les corps constitués. La joie s'est manifesté; l'on a dansé autour du feu la Carmagnole, en criant sans cesse: Vive la République ! Vive la Montagne ! au bruit repété des coups de canon. Les cendres ont été jetées au vent, et le cortège s'est rendu dans le même ordre devant l'arbre de la Liberté. ïl y a été prononcé un discours analogue à la circonstance, et il y a été chanté pareillement des chansons à la gloire des vainqueurs de Toulon.

Barbat Antoine, Charlieu pendant la Révolution, pages 333-334.


Page créée le 22/09/2013, dernière modification le 31/07/2016.